Synthèse de la visio-conférence donnée le 31 mars par André Loeskrug Pietri, Executive Director of the Joint European Disruptive Initiative - J.E.D.I
J.E.D.I est une initiative portée, il y a deux ans, par quelques grandes entreprises pour réfléchir
- à l'accélération des transformations technologiques bien plus rapides et profondes qu'on semble le percevoir,
- à l'impact des technologies qui prennent un rôle central dans l'organisation même de nos sociétés,
- aux opportunités offertes à l'Europe pour reprendre de l'avance.
J.E.D.I préconise ainsi un changement de méthode quant au financement de la recherche, une culture de l'anticipation et un positionnement qui allie technologie et société par opposition à la Chine pour qui la technologie servirait une politique de contrôle, ou les USA pour qui le business pourrait justifier une « science sans conscience ».
J.E.D.I milite pour un principe de financement sans ROI sur des technologies de rupture, à l'image de la DARPA, que seul les Etats peuvent prendre en charge. Or à ce jour, l'Europe n'a démontré ni réelle ambition, ni réelle vision avec son lot de conséquences sur la souveraineté.
L'époque est complexe et les transformations en cours annoncent des clivages plus importants encore. Demain, 85% des investissements en capital seront portés par les USA et la Chine leur laissant la main sur l'économie mondiale. Nous ne sommes plus sur un cycle, mais dans une nouvelle réalité avec des effets exponentiels.
La complexité vient aussi de ce que la quantité de données générées a largement dépassé notre capacité à les « comprendre ». L'AI devient un objet central qui peut nous permettre de retrouver le contrôle. Et dans un marché digitalisé, la valeur se concentre sur celui qui produit l'innovation. Il faut donc être le premier.
Pas un problème d'argent mais de méthode !
Le mot clef c'est anticipation, prévoir le coup d'avance. Ne plus être uniquement dans l'installation d'une recherche pour la compréhension scientifique mais se fixer aussi des succès clairs, y mettre les ressources nécessaires et savoir stopper dès qu'il s'avère que c'est une impasse. Il faut se positionner sur une recherche qui trouve. Anticiper ce serait créer des batteries sans métaux lourds pour préparer la crise prochaine du Cobalt, un cloud très frugal en énergie, une reconnaissance faciale sans base de données centrale. Là l'Europe aurait une vraie longueur d'avance.
